Lee JaeMin est né le 20 février 1993 à Ansan, il aurait eu une enfance relativement classique. Trouvant les cours plutôt ennuyants, durant l’équivalent de notre collège il a tendance à retrouver ses amis après ses journées d’enseignement pour jouer à des jeux ou écouter des morceaux. Cependant c’est lors de sa première année de lycée qu’il va véritablement s’intéresser à la musique. Dans une interview pour le magazine en ligne Outletarcane (OA), il explique qu’il s’est alors mis à écouter une variété de genre avec pour but de trouver celui qui lui correspondrait le plus. Si cette phase lui aurait pris un certain temps, son attention s’est finalement focalisée sur le RnB et la Soul.

Trois années lui ont été nécessaires pour convaincre ses parents de son choix de s’épanouir dans la musique, mais depuis ils n’ont eu de cesse de le soutenir. Et si de fait son entourage n’a pas remis en cause sa volonté de devenir un artiste, dans cette même interview il confie également qu’après avoir commencé la musique il n’est jamais revenu sur ce choix.

Un artiste qui s’est immédiatement affirmé dans ses choix artistiques

Ainsi, Jeebanoff va se lancer dans la musique et, fatalité pour la majorité des artistes débutants, il va faire face à une vague de refus de la part des labels. On lui explique notamment que s’il souhaite attirer l’attention des maisons de distributions, il doit sortir régulièrement des singles et montrer une progression de notoriété.

Cette stratégie ne convainc toutefois pas l’artiste. Pour lui cela ne peut conduire qu’a être noyé dans la masse, que son projet ne soit qu’un single parmi les autres, une larme dans l’océan. Et de fait, il va même aller à contrepied de tout cela et se mettre en tête de sortir un projet fidèle à sa couleur musicale. La vision créative avant la visibilité.

Il explique en effet que son but n’était pas vraiment de faire des débuts fracassants, mais plutôt de se faire connaitre grâce au bouche-à-oreille :

In today’s market where you need exposure in order to get your music heard, I felt like singles released that way would end up becoming just another song in an overwhelming deluge of releases. I decided to just make a project that showed my true colors – whether I got a lot of exposure or not.  I wanted to make a project that didn’t necessarily get a lot of attention from the start with a large-scale promotion, but instead one that spread through word-of-mouth like a favorite hole-in-the-wall diner.

Dans le marché actuel, où il est nécessaire d’avoir de la visibilité pour que ta musique soit écoutée, j’avais le sentiment qu’à sortir des singles de cette façon, à la fin ils n’auraient été que telle une énième chanson perdue dans une déluge de sorties. J’ai décidé de simplement sortir un projet qui monterait ma vraie couleur, que je gagne beaucoup d’exposition ou non. Je voulais sortir un projet qui n’attiserait pas forcément immédiatement beaucoup d’attention par le biais d’une large campagne de promotion, mais plutôt un projet qui se diffuserait grâce au bouche-à-oreille, comme un petit restaurant préféré.

Jeebanoff pour Outletarcane

Il va donc faire ses débuts en 2016 et commencer par sortir trois singles sous le nom de jeeban. En mars, Hide, le 17, puis uncomfortable accompagné de l’artiste coote le 27. Le 22 juin il sort ensuite FO+AP où il est accompagné par Bevy Maco. Uncomfortable et FO+AP ont d’ailleurs respectivement été produits par les producteurs Deepshower et LNNN (prononcé Lennon), véritables amis de Jeebanoff ils sont également des figures récurrentes dans sa discographie, tout comme le sont d’ailleurs nöair et la productrice GiiANA.

Cependant, le but de Jeebanoff n’est pas d’enchainer les singles, et de fait dès juillet, plus exactement le 8, cette fois sous le nom de Jeebanoff, il va sortir so fed up, un premier EP composé de huit morceaux aux sonorités plutôt variées avec peut-être une dominante Futur/House. Quatre des morceaux ont d’ailleurs été produits par LNNN : 삼선동 사거리 (sungbook-gu kids), Insane, FO+AP dont soft coproduit avec GiiANA. Au niveau des featurings, la chanteuse OVCOCO lui prête sa voix sur Insane, et Bevy Maco est bien évidemment présent sur FO+AP que l’on connaissait déjà.

Toujours dans cette même interview pour OA, il précise d’ailleurs que Soft a probablement été la chanson lui ayant demandé le plus de travail. L’interview date du 21 mars 2018, donc ce fait a peut être changé depuis, cependant il n’en reste que Jeebanoff aurait eu du mal à retranscrire ce qu’il voulait à LNNN pour l’instrumentale.

From the tempo, to the key, chords, transition points and overall mood it was hard to explain everything that I had in my head to the producer LNNN. I would spend nights going over the rhythm with my mouth to get the idea of what kind of sound sources and rhythm I wanted for the song.

Du tempo, en passant par la tonalité, aux accords, aux points de transition jusqu’à l’humeur se dégageant de la chanson en elle-même, ce fut difficile d’expliquer tout ce que j’avais en tête au producteur LNNN. Je passais des nuits à revoir le rythme avec ma bouche pour définir quelles sources de sons et quel rythme je voulais pour la chanson.

Jeebanoff pour Outletarcane

Mais de fait, comme Jeebanoff a sorti so fed up en indépendant, les premiers mois l’EP est quelque peu resté dans l’ombre. Cependant, la stratégie de l’artiste a fini par porter fruit. Les mois passent et le projet va peu à peu gagner en visibilité, bénéficiant d’un très bon retour critique de certains médias contribuant un peu plus à renforcer son exposition. Résultat, Jeebanoff est nominé pour non moins de quatre Awards en lien avec cet EP ! Deux nominations aux Korean Hip Hop Awards 2017 : la R&B Track of the Year pour 삼선동 사거리 (sungbook-gu kids), et la Mixtape of the Year pour so fed up. Jeebanoff est aussi nominé aux Korean Music Awards 2017 pour des catégories semblables : so fed up est nominé pour le Best R&B & Soul Album tandis qu’avec 삼선동 사거리 (sungbook-gu kids), il va remporter la Best R&B & Soul Song contre Dean, Jay Park et Samuel Seo !

Au passage, 삼선동 사거리 (sungbook-gu kids), est une chanson sur la recherche de soi, l’accomplissement de sa volonté.

Every day I listen to the Billboard charts

In my blue basement room

I look at the world that was hidden away

And think, “What if that were me…?”

___

Tous les jours j’écoute le classement musical de Billboard

Dans ma chambre bleue en sous-sol

Je regarde le monde qui été dissimulé

Et me demande « Et si c’était moi [qui était nominé] »

Jeebanoff – 삼선동 사거리 (sungbook-gu kids) | English Translation from the Youtube Channel • Euraboo •

Ce n’est cependant pas tout pour 2016, et ce à plusieurs niveaux.

Déjà, pour rester sur ses projets personnels, le 22 décembre 2016 il va sortir For the Few, un second EP composé de 6 morceaux, toujours dans cette atmosphère un peu house, cette fois plus feutrée. How we love a été produite par The Plan8, Deny par IOAH, tandis que GiiANA est derrière Mur Mur, Table et About you, co-produite avec LNNN. Côté collaboration, K.vsh et OLNL sont présents sur About You et on peut aussi entendre TAEK sur Table, chanson titre et peut-être l’un des morceaux les plus expérimentaux de ce projet.

La seconde chanson titre n’est autre que Belief, adaptée en un MV sorti en mars 2017. Le public de Deepshower reconnaîtra sans aucun doute la sonorité distinctive du producteur sur l’instrumentale. Frais et entraînant, ce morceau est l’expression d’une affirmation, Jeebanoff exprime sa volonté de suivre ses convictions.

I hope there will be no worries or trouble

After today, when the morning sun rises

I hope I close my eyes without a sense of guilt

I can give it my full belief (x9)

___

J’espère qu’il n’y aura ni inquiétudes ou problème

Après demain, lorsque le soleil du matin se lèvera

 J’espère que je fermerai les yeux sans une once de culpabilité

Je peux y porter toute ma confiance/Je peux y croire totalement (x9)

Jeebanoff – Belief | English Translation from ARIRANG TV

Jeebanoff est également un artiste que l’on retrouve dans un certain nombre de collaborations.

En juin on le retrouve sur Take me over produit par GiiANA (Techniquement c’est plus une pré-sortie puisque ce morceau est présent sur l’EP so fed up de Jeebanoff qui sort donc un mois après), mais il prête également sa voix à Deepshower, d’abord pour blackout, un single, puis plus tard dans le mois, pour you, de l’EP éponyme.

Mais les collaborations avec des producteurs ne s’arrêtent pas là cette même année. Le collectif de musique électronique Vegas Trip sort la compilation Liquid. Deepshower et IOAH sont vraisemblablement des invités sur le projet et vont tous deux mettre en avant Jeebanoff sur leurs productions. Deepshower avec le morceau Replay et IOAH avec Deny que l’on retrouve par la suite aussi sur un des EP de Jeebanoff, cette fois sur For the Few sorti en décembre.

En août on retrouve également Jeebanoff sur NIGHT GLOW du mini album éponyme de 220Volt, aux côtés de Molly.D et Defy.

En septembre/novembre la chanteuse OVCOCO l’invite sur 3 projets : en septembre It’s over et Crush et en novembre le morceau Me & You du double single Caroline avec également Bevy maco en featuring.

Enfin, il conclut l’année niveau collaborations en novembre avec how we love pour le producteur The plan8.

2016 est aussi une année importante pour l’artiste puisque Jeebanoff va réunir des artistes pour fonder le crew House on Mars, vraisemblablement en avril si l’on se réfère aux archives du Tumblr du collectif. Si le projet semble toujours être d’actualité, difficile cependant d’en suivre l’activité puisque le compte Instagram n’a pas été actualisé depuis juin 2016, tandis que le dernier post sur Tumblr remonte à juin 2017. Difficile également de savoir qui en est encore membres, certains artistes le mentionnent encore dans leurs bio Instagram ou SoundCloud. Si l’on se fie à Tumblr alors le collectif compterait donc bien évidemment Jeebanoff, mais aussi DOKO, Bevy maco, OVCOCO, NöAIR, TAEK et Leekohh tandis que la bio Instagram mentionne jeebanoff, TAEK, NöAIR, dnss, OVCOCO, DOKO et summersoul (Nd : Si quelqu’un a la moindre information fiable à ce sujet ce serait d’un grand secours !)

Mais revenons sur l’intention derrière House on Mars, et le mieux est encore de citer une nouvelle fois l’interview de Jeebanoff pour OA :

House on Mars is a group of artists that I brought together. I only included artists that I liked and those that have the best chemistry musically. Although we all listen to similar music and we’re able to empathize with each other, all the music we produce individually is different in its own special way

___

House on Mars est un groupe d’artiste que j’ai rassemblé. J’ai exclusivement réuni des artistes que j’apprécie et qui ont la meilleure alchimie musicalement. Bien que l’on aient tous des goûts musicaux similaires et que l’on soit capable de se comprendre les uns les autres, tous les morceaux que nous produisons individuellement se distinguent de leur propre façon.

Jeebanoff pour Outletarcane

Aussi, House on Mars semble être une histoire d’amitié et de partage, des artistes réunis par les mêmes sensibilités mais produisant tous des contenus qui se distinguent par leurs couleurs uniques.

2017 : Une année pivot pour Jeebanoff

Jeebanoff va tardivement ouvrir 2017 en juin avec le très entraînant Right Here. Le single a été produit par NöAIR et l’on peut également entendre le rappeur Rick Bridges.

Right Here est à dire vrai un morceau de KARMA, le troisième EP de l’artiste originaire d’Ansan qui sort un peu plus tard en novembre. Composé de 6 morceaux, on retrouve les producteurs habituels sur le projet. Soit LNNN sur Wish et Timid, The Plan8 sur 진심 (Truth), GiiANA pour If You et bien évidemment NöAIR sur Right Here mais aussi pour Then We.

Outre Rick Bridges, au niveau des collaborations on peut également entendre la chanteuse SUMIN sur Wish et le rappeur CHANGMO sur Timid. Timid qui a d’ailleurs aussi adapté en un MV sorti le même jour que l’EP. 진심 (Truth) a également été adapté en MV, une réalisation simple mais non moins plaisante sortie en décembre, un peu moins d’un mois après la sortie de KARMA.

KARMA peut être considéré comme le premier projet narratif de l’artiste. L’EP retrace l’histoire d’un couple, de leur première rencontre au point final de leur séparation.

La narration s’ouvre donc sur Wish qui retrace les premières interactions, la projection. Initialement SUMIN aurait d’ailleurs dû chanter un couplet en plus de sa présence sur le refrain, mais il n’a pas été retenu.

Le second morceau, Right Here, est un peu spécial. Brièvement, ce morceau met en avant la passion du personnage, un sentiment d’amour ardant. Jeebanoff explique dans une interview de février 2018 pour The ICONtv que lorsqu’il l’écrivait il vivait en effet l’une des meilleures périodes de sa vie, cependant, un événement est venu troubler ce bonheur, et ce alors même qu’il devait enregistrer… De fait, si on tend un peu l’oreille, on peut clairement percevoir ce décalage entre la joie des paroles et le ton plutôt triste de Jeebanoff.

“The moonlight as bright as the daylight, Because of you, I’ll never know what darkness is like”

Le clair de lune aussi lumineux que la lumière du jour, Grace à toi je ne connaîtrais jamais l’obscurité

Jeebanoff – Right Here | English Translation from ARIRANG TV

Truth ou Sincerity selon la traduction du coréen à l’anglais, n’est autre que la chanson titre et constitue un tournant dans la relation décrite, le moment où l’être aimé commencent à dissimuler la véritable nature de ses sentiments et où, en conséquence, le protagoniste commence à se remettre en question. Le morceau devait originellement s’intituler The Fact, mais Vérité/Sincérité retranscrivait justement mieux la nuance de ce morceau où le protagoniste ne cesse de se questionner.

Am I telling the truth?

Are you just lying?

Do we feel the same way?

Or is it just my hope?

Am I telling the truth?

Are you just lying?

Do we feel the same way?

How do you feel?

 ___

Est-ce que je dis la vérité ?

Es-tu juste en train de mentir ?

Ressentons-nous la même chose ?

Ou bien est-ce seulement mon espoir ?

Est-ce que je dis la vérité ?

Es-tu juste en train de mentir ?

Ressentons-nous la même chose ?

Comment te sens-tu ?

Il y a une vraie progression dans le morceau qui est finalement empreint de mélancolie :

Everyone is jealous of us,

They say no one looks as happy as we are

 ___

Tout le monde est jaloux de nous,

Ils disent que personne n’a l’air aussi heureux que nous

Telles sont les paroles du premier couplet, mais l’illusion se brise :

In the end we are like everyone else,

Maybe We are just an ordinary couple

 ___

Finalement nous sommes comme tout le monde,

Peut être somme nous simplement un couple ordinaire.

Jeebanoff – Truth | English Translation from ARIRANG TV

Petit détail, la ligne de guitare de Truth est un sample dont le morceau d’origine ne serait autre que Home de Jang HyunSeung. C’est un sample plutôt célèbre puisqu’on peut le retrouver sur TOOGOODTOBETRUE de Gallant featuring Sufjan Stevens et Rebecca Sugar, mais aussi sur Midsummer Madness du 88Rising et plus surprenant encore sur Mess de l’album Tha Carter V de Lil Wayne ! (Nd. Sur la scène SoundCloud sud-coréenne tnom l’a aussi utilisé pour Chapstick et CHAPSTICK II et il ne doit sûrement pas être le seul, mais très bons morceaux soit dit en passant !)

Vient ensuite Then We qui n’est autre que le morceau préféré de Jeebanoff sur cet EP. Initialement il souhaitait d’ailleurs donner le même titre au projet justement car il adorait ce morceau. Il en apprécie la mélodie, mais aussi le fait que les paroles retranscrivent aussi bien ses émotions comme il l’explique toujours dans cette interview pour The ICONtv. A défaut de pouvoir en faire la chanson titre il a pu la sortir en pré-release (sortie anticipée). Then We est d’ailleurs l’une des chansons qui lui aurait demandé le moins de travail. D’après l’interview pour OA, il n’aurait eu besoin que de 10 minutes pour en écrire les paroles et l’instrumentale existait déjà.

Malgré son air un peu léger, Timid accompagné de CHANGMO est un morceau qui retransmet le malaise et désespoir du protagoniste dans une relation qui se dirige vers la rupture. Les paroles de Timid seraient plutôt fidèles au caractère de l’artiste comme il l’explique dans l’interview pour The ICONtv :

I tend to save my words for later, not to break the happy mood of the moment, I think this could be one of my shortcomings. Even if I just let the bad feelings slide by at the moment, I find myself holding a grudge against it later but I don’t want to look petty by talking about it

___

J’ai tendance à garder mes mots pour moi afin de ne pas briser la joie du moment présent, je pense que cela pourrait être l’un de mes défauts. Même si je laisse passer les sentiments négatifs sur le moment, par la suite je vais me trouver à garder une certaine rancune mais je ne veux pas paraître mesquin à en parler.

Pour revenir sur la réalisation du morceau, CHANGMO aurait rapidement accepté la collaboration et le tout n’aurait pas pris plus d’une semaine !

Enfin, If You est la pure retranscription de son propre passé, le récit d’une relation qui arrive à son terme.

Voilà dans les grandes lignes l’histoire derrière KARMA, l’EP constitue un certain tournant dans le processus créatif mais aussi plus généralement dans sa carrière puisqu’il a été sorti sous goodtomeetyou, label fondé plus tôt en juillet 2017. Au moment de la rédaction de l’article, font aussi partie du label le producteur Panda Gomm, la chanteuse G1nger (ou G1ngerhere) ainsi que le duo Hippy was Gipsy (Jflow & Sep) que l’on a pu apercevoir dans la première saison de Sign Here.

La transition d’artiste indépendant à goodtomeetyou n’aurait vraisemblablement pas été trop dure pour Jeebanoff et aux dernières nouvelles il en serait satisfait. Dans une autre interview pour The ICONtv de mars 2018, il explique en effet qu’il a pu conserver une autonomie totale pour KARMA. L’agence est seulement intervenue dans le choix de la chanson titre, et ce bien évidemment toujours en concertation avec Jeebanoff. Il affirme qu’il n’a eu aucunes restrictions ni instructions à suivre !

2017 a également eu son lot de collaborations.

De nouveau avec la productrice GiiANA pour le morceau MurMur de l’EP Paradise sorti en janvier. En mars avec le producteur Lemon Coke pour tie me où l’on retrouve Jeebanoff aux cotés des chanteurs Lym en et K.vsh. OVCOCO l’invite de nouveau, cette fois pour Side to Side de l’EP Forest sorti en mai. En septembre c’est cette fois avec Muzie que l’on peut entendre Jeebanoff, pour Don’t Worry du double single Future Track. Finalement, il clôt l’année pour Liar de l’album LEAF de K.vsh qui sort en novembre.

2018 : Un nouvel EP et une année essentiellement rythmée par les collaborations.

En 2018 Jeebanoff va continuer sur sa lancée et sortir fin juin Panorama, un nouvel EP composé de 5 morceaux dont GOOD PLACE que l’on avait pu entendre plus tôt en mai.

Au niveau de la production on retrouve bien évidemment LNNN et GiiANA qui ont collaboré pour 학교 (School) et 마냥 (We Just), la chanson titre. LNNN a également produit GOOD PLACE et co-produit The Ferry avec Winonawithcigarettes.마지막 아침 (Last Morning) a elle été produite par dnss.

Selon HipHopKr cet EP se distinguerait en tant que si jusqu’à présent les morceaux de l’artiste étaient directement inspirés de ses expériences, avec Panorama il continue à développer sa narration en proposant des morceaux écrits sous le point de vue d’autres personnes.

Cet EP a aussi été l’occasion pour l’artiste de rendre hommage aux victimes du naufrage du Sewol-ho ferry. Plus de 300 personnes, majoritairement des lycéens, ont perdu la vie lors de cette catastrophe survenue en 2014. En mémoire des victimes il a donc souhaité faire part de ses souvenirs de collège/lycée dans le morceau 학교 (School).

Cette année est pour l’instant l’une des plus prolifiques de l’artiste pour ce qui est des collaborations.

L’année s’ouvre par une collaboration en janvier avec Def. plus connu sous le nom de Im Jaebum ou JB, leader des GOT7. L’artiste est aussi actif sur SoundCloud où il a jusqu’à présent sorti un total de 5 EP. C’est à l’occasion du second, 1/? vol.2, qu’il a invité Jeebanoff mais aussi JOMALXNE pour le morceau CHANNEL.

En février on retrouve Jeebanoff aux côtés d’Han Yohan pour Gesture de l’EP MUSASHI II. Le mois suivant il apparaît cette fois avec le duo Hippy was Gipsy (qui n’était alors pas encore signé chez goodtomeetyou, ils ont officiellement été annoncés vers octobre 2019) pour Bed de l’album Language.

Deepshower invite ensuite Jeebanoff et George pour SUMMER, morceau d’ouverture de l’album COLORS sorti en août.

Il faut ensuite attendre octobre pour l’entendre sur Rough Rider avec également SUPER BEE en featuring pour l’album CAELO de Babylon.

Le mois suivant, en novembre, on l’entend d’abord sur Problems de l’album Rotate de Jung Jinwoo, membre du collectif PLT et label Planetarium Records puis de nouveau avec GiiANA pour 2 morceaux de son EP Pure Imagination. Wishes sur lequel on peut aussi entendre K.vsh et Flicker avec Q the trumpet, Summer Soul, Meego, TAEK et une nouvelle fois K.vsh.

Enfin, fin novembre on trouve aussi Jeebanoff et Sam Ock sur le single Mama We Made It de Uzuhan.  

2019 : Une série de MVs mais surtout un premier album

Cette année a en effet été très prolifique pour l’artiste, avec dès janvier le MV de la très mélancolique B.T.N (Better Than Now) co-produite par GiiANA et LNNN. La réalisation nocturne et nébuleuse traduit parfaitement les sentiments d’un personnage qui s’est rendu compte qu’il ne s’épanouissait plus dans sa relation.

I think it’s for the best.

Let’s not ruin our memories. It might be late, but it seems like this is where we should end it.

Recently I haven’t felt the same way about you anymore.

Maybe being a little more honest now would be better.

I’m already starting to forget you. I think it’s for the best

I’m already starting to forget you.

I don’t know when it started, but the nights that I spent with you suddenly felt the longest

I finally let you go

___

Je pense que c’est pour le mieux

Ne gâchons pas nos souvenirs. C’est peut-être tard mais il semblerait que nous devrions y mettre un terme ici.

Récemment j’ai cessé de ressentir la même chose à ton égard

Peut-être serait-il préférable d’être plus honnête dorénavant

Je commence déjà à t’oublier. Je pense que c’est pour le mieux.

Je commence déjà à t’oublier.

Je ne sais pas quand est-ce que ce la à commencer, mais les nuits passées avec toi ont soudainement semblées être le plus longues

Je t’ai enfin libérer.

Jeebanof – B.T.N (Better Than Now) | Translated from Korean directly in the MV

S’en suit en avril le MV de We (OUI) en featuring avec sogumm (une version audio solo existe également) avec The plan8 à la production. On peut d’ailleurs reconnaitre l’instrumentale qui avait déjà été présentée à la fin du MV de B.T.N.

Ce morceau présente un peu la situation inverse. Cette fois c’est le protagoniste qui chante son désespoir de voir l’être aimé s’éloigné de lui, de voir cette relation connaitre un terme. Aussi les paroles montrent son trouble, sa remise en question.

I remember seeing you happy back then

But you don’t seem to be happy these days

Did you just get bored of me?

If we didn’t rush, would it have been better?

If I were afraid to make a move on you, would it have been better?

If I had done that, I probably wouldn’t have liked you as much

I can sense that you feel different now

___

Je me rappelle te voir heureuse à l’époque

Mais tu ne semble pas heureuse ces-temps-ci

T’es-tu simplement lassée de moi ?

Si nous ne nous étions pas précipités, cela aurait-il était mieux ?

Si je n’avais pas eu le courage de t’aborder, cela aurait-il était mieux ?

Si j’avais fait cela, je ne t’aurais probablement pas autant aimé

Je peux sentir que tu ne ressens plus la même chose maintenant.

Jeebanof – We (OUI) | Translated from Korean directly in the MV

Il faut ensuite attendre septembre pour le MV de The girl in my memories, reprise d’un morceau de Hwang Chi Hoon, originellement sorti en 1988. The Plan8 a repris l’instrumentale originale et lui a apporté quelques modifications pour qu’elle se fonde avec l’univers de Jeebanoff, son côté un peu onirique, hors du temps.

Le 11 décembre il sort également le double Single Boomerang incluant la version originale créée à l’occasion de l’épisode 10 de la série des BPM organisée par MIC SWG en partenariat avec New Era et sortie un an plus tôt, en novembre 2018.

La seconde version est plus longue et propose un arrangement alternatif.

Mais 2019 a surtout été l’occasion pour Jeebanoff de sortir son premier album, GOOD THING., composé de 10 morceaux. (J’ai sorti un vidéo analyse ici)

L’album a été majoritairement produit par LNNN et GiiANA que l’on retrouve en co-production sur Paper mache (종이인형), Me and You (너와 같이), Luh you (좋아), Come along with me, Callin’. LNNN est également derrière Good thing et Bad girl (나쁜 아이) tandis que GiiANA a également co-produit The clouds (검은 구름) avec Noino. L’instrumentale de Guilty est l’œuvre de Mirrorboy, et c’est art haus qui a produit Silence (적막).

L’instrumentale de Me and You (너와 같이) reprend d’ailleurs un sample de bitter, le Frank Ocean Type Beat du producteur Ocean Beats. Certains ont peut-être déjà entendu cette ligne de guitare à l’écoute du morceau Smiling Depression de l’artiste RnB alternatif sud-coréen slchld.

Si l’on devait décrire cet album en deux mots, doux-amer serait peut-être encore ceux qui conviendrait le mieux.

Dans l’ensemble, à l’exception de Silence (적막), Guilty, Me and You (너와 같이) et Luh you (좋아), les productions sont plutôt entraînantes, joyeuses même, mais justement, la tonalité de Jeebanoff est souvent un peu en dessous, comme si le timbre de sa voix en disait plus que ses paroles.

Et s’il n’y a malheureusement pas encore de traduction des morceaux de l’album du coréen à l’anglais/français, pour les non-coréanophone, même avec des moyens limités (Google Traduction…) on se rend tout de même compte que l’histoire que nous dépeint Jeebanoff semble être dans la lignée de celle de KARMA à la différence que si la relation amoureuse et ses troubles sont encore évoqués, cette fois les paroles ont peut-être un aspect introspectif qui n’était pas forcément autant présent.

Les paroles semblent être plus centrées sur les questionnements du protagoniste, pas uniquement vis-à-vis de la relation, mais vis-à-vis de lui-même, son comportement ?

Certains morceaux semblent être rythmés par le désir comme Paper mache (종이인형), Come along with me ou encore Callin’.

Tell me what you want me to do (pull me so close) (x2)

I’ve been callin for ya (x2)

Do you know that I love ya

Do you think I am a fool

I’ve been callin for ya (x2)

Do you know that I love ya

and I’m really love you like a fool, yeah

___

Dis moi ce que tu souhaites que je fasse (rapproche moi de toi)

Je t’ai [longtemps – dans la durée] appelé (difficile de retranscrire en français, l’idée est un peu qu’il a longtemps attendu que leur relation se concrétise)

Sais-tu que je t’aime

Pense-tu que je suis un imbécile (fool peut aussi se traduire par aimer passionnément, au point d’en perdre un peu la raison)

Je t’ai longtemps appelé,

Sais-tu que je t’aime

Et je t’aime vraiment à en perdre la raison, oui.

Jeebanoff – Callin’

Mais il y a toujours cette complexité des relations, ce sentiment d’équilibre précaire, une sorte de vulnérabilité dans le couple différemment exprimé dans Good thing et Me and You (너와 같이).

Et de fait la fin de l’album, soit The clouds (검은 구름), Guilty et Silence (적막), pourrait retranscrire des sentiments comme la résignation, la culpabilité, le besoin d’isolement et finalement le fait de tourner une nouvelle page peut-être ?

Every day I try to become better

(but it doesn’t work)

Every day I turn to god in prayer

(but it doesn’t work)

Every day I try, but the guilt is all mine

Really, I try, do everything

___

Chaque jour j’essaie de devenir meilleur

(Mais cela ne fonctionne pas)

Chaque jour je me tourne vers Dieu en prière

(Mais cela ne fonctionne pas)

Chaque j’essaie, mais toute la culpabilité me revient,

Vraiment j’essaie, fait tout mon possible

Jeebanoff – Guilty

Une chose est sûre en tout cas c’est que GOOD THING. constitue un aboutissement dans la carrière de l’artiste tant dans les arrangements, le chant que le texte !

L’artiste ne s’est néanmoins pas exclusivement consacré à ses projets solos cette année.

En janvier on le retrouve sur l’EP Lost Piece, Vol.2 pour le morceau Yes I need de Lym en. We Are The Night invite Gogang et Jeebanoff pour 거짓말 (Lie) en mars.

C’est ensuite au tour de Leellamarz de faire appel au chanteur d’Ansan mais également au rappeur CHANGMO pour le single so i call it love.

Le mois de juillet compte deux collaborations. D’abord avec Crucial Star pour le morceau It’s a different thing to love her and make her happy, puis avec B-BOMB pour le single Dawn.

S’en suit en octobre une apparition sur Romance aux côtés de BJYUN pour l’album sleeptalking du producteur Panda Gomm nouvellement signé chez goodtomeetyou.

La dernière collaboration en date de cette année n’est autre que 버려 (Throw It Out) un single de JOZU (죠즈) sorti le 19 décembre.

Une musique à son image

Les textes de Jeebanoff sont largement inspirés des propres expériences de l’artiste, c’est un fait qu’il avait déjà revendiqué en interview, que ce soit pour The ICONtv ou encore pour OA :

I usually get inspiration from my experiences, especially those that happen while I’m making the album. It can be love, my life, friends, or another person’s story that I found interesting.

___

Je trouve généralement l’inspiration dans mes expériences, notamment celles qui surviennent alors que je suis en train de créer l’album. Ce peut être l’amour, ma vie, les amies, ou l’histoire de quelqu’un d’autre que je trouve intéressante.

Jeebanoff pour Outletarcane

Plus généralement, dès ses débuts l’artiste a affirmé cette volonté de ne pas corrompre ses aspirations créatives, de toujours montrer sa vraie couleur. Loin des stratégies marketings, il a préféré débuter avec des projets strictement fidèles à son identité musicale, quitte à gagner plus lentement en visibilité.

Et de fait avant d’intégrer goodtomeetyou, Jeebanoff s’est longtemps questionné sur la pertinence de joindre un label, une agence ou tout autre plateforme de diffusion lorsque l’on est juste passionné.e de musique et que l’on veut laisser libre court à sa créativité. Toujours dans cette interview pour OA de mars 2018, il expliquait en effet que tant qu’un.e artiste raconte une histoire qui fait sens, qui a la capacité d’attiser l’attention, alors il y aura toujours des gens réceptifs pour le/la suivre.

Cette volonté, on la retrouve également dans le rapport de l’artiste aux collaborations. Selon l’interview pour OA, le nom de l’artiste offrant la collaboration importerait moins que le projet en lui-même.

I pretty much decide to do a project if the music is good. Sometimes people ask me for a featuring fee before they even play music. I hardly ever work with them. I guess it’s just if the music fits with me.

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Je décide plus ou moins si je vais accepter un projet si la musique est bonne. Parfois certaines personnes me demandent mes tarifs pour une collaboration avant même de me faire écouter quoi que ce soit. Je travaille rarement avec eux. Je suppose que cela ne dépend que de si la musique me correspond.

Jeebanoff pour Outletarcane

Après, déjà en 2018 l’artiste n’excluait pas de produire des morceaux un peu moins confidentiels, des morceaux que même une audience plus large pourrait apprécier, mais toujours à la condition qu’il soit en accord avec ceux-ci.

Of course there will come a time when I might make music that is more commercially accepted and enjoyed by a larger audience. For the time being, I want to keep sharing what I want to share. Even if I do get more fans in the future, I want them to become my fans through the music that I enjoy and not necessarily through commercialized music.

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Bien évidemment viendra peut-être un jour ou je produirai une musique qui sera plus adaptée commercialement et appréciée par une audience plus large. Pour l’instant, je veux continuer à partager ce que je veux partager. Même si j’en venais effectivement à gagner plus de fans à l’avenir, j’aimerai qu’iels deviennent mes fans grâce à une musique que j’apprécie et pas nécessairement par une musique commerciale.

Jeebanoff pour Outletarcane

Jeebanoff peut donc facilement être décrit comme un artiste lucide, qui sait globalement quelle direction il souhaite prendre. Pour cette raison ce n’est donc pas si étonnant d’apprendre que Jay Park est un peu une figure inspirante pour lui, du moins que s’il en avait l’occasion il aimerait bien travailler avec lui. Dans l’interview pour OA, quand on lui demande s’il aimerait travailler avec Jay Park puisqu’il l’apprécie, il explique qu’il aimerait effectivement. Et ajoute que c’est comme si Jay Park avait la capacité de concrétiser tous ses rêves.

L’artiste n’exclut en tout cas pas d’essayer de diffuser sa musique à l’étranger, notamment sur le marché américain.

En attendant, il ne reste plus qu’à voir qu’elles seront les prochaines décisions créatives de Jeebanoff, qu’est-ce que nous réserve cet artiste à l’univers si unique ?

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